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16/10/2018
Floreffe: les carmélites ont stoppé la production et la vente d'hosties
''La réalité dépasse la nostalgie'' lance Sœur Jeannine, Prieure du Carmel de Floreffe. Au printemps dernier, l'âge aidant, les carmélites prenaient la décision de stopper une de leurs activités: la fabrication des hosties. Aujourd'hui, elles fournissent les derniers clients: la réserve sera bientôt épuisée. Cela faisait près de 100 ans que des paroisses - bien au-delà du diocèse - se fournissaient chez les carmélites. Leur priorité - elles sont encore dix à vivre à Floreffe - va, maintenant, à leur vie de prière.
La dernière cuisson a eu lieu en mai. Sœur Monique, devenue responsable de la fabrication des hosties, s'en souvient comme si c'était hier. La communauté avait pris, quelques semaines plus tôt, la décision d'arrêter la production. ''J'ai pris conscience que nous cessions notre activité quand Sœur Jeannine est arrivée en disant 'ce sont les dernières'.''
De la nostalgie? Sans doute. Des regrets? Un tout petit peu. Derrière cette décision se cache surtout beaucoup de sagesse. Elles sont encore dix à vivre au carmel: les plus jeunes sont septuagénaires. Toutes sont toujours très motivées mais ce travail est fatigant. Il a longtemps été entre les mains de Sœur Myriam qui maîtrisait la fabrication. Tandis que Sœur Marie-Claire était, elle, une virtuose du conditionnement. Au décès de ces deux religieuses, Sœur Jeannine et Sœur Monique ont pris en charge la production. La fabrication, elles connaissaient déjà comme toutes les religieuses. Mais entre connaître et maîtriser la production de A à Z, il y a une différence. Elles ont fait des erreurs qui se soldaient par une fabrication qui passait... à la poubelle. ''Au début, nous avons beaucoup perdu: ça collait, ça brûlait.'' confie Sœur Monique.

De la farine, de l’eau…
La recette est pourtant très simple: de l'eau, de la farine et c'est tout. Mais il faut les justes proportions. Et si l'eau n'est pas tempérée, il y a des grumeaux. Trop liquide, la pâte colle. Trop épaisse, on dépasse le poids idéal de 0,2g pour les hosties blanches et 0,4g pour les pains avec une cuisson plus longue. Sœur Jeannine s'occupait de la pâte. Tout sourire, elle avoue avoir pris parfois – juste par distraction - un peu de liberté avec les proportions. Mais impossible de tromper Sœur Monique, préposée à la cuisson, qui avait tôt fait de rappeler à l'ordre sa consœur. ''Maintenant, on en rit'' ajoute Sœur Monique.
A chaque cuisson ce sont environ 140 kg de farine et quasi autant de litres d'eau qui passaient entre leurs mains. Une belle complicité a uni ces deux religieuses même si le travail était pénible: bruit des machines, chaleur des fers... Pas le temps pour papoter même un tout petit peu. Un travail d’une journée entrecoupé par les temps de prière. Et quand tout était terminé, il fallait tout nettoyer.
Cette production mobilisant beaucoup d'énergie devenait également de plus en plus pesante pour la communauté. La décision a donc été prise, Sœur Jeannine: ''Nous avons une vie de prière et de travail. Nous avons cinq heures de prière par jour. Nous nous devions de sauver notre vie de prière, de lui donner la priorité, c'est sur elle que l'Eglise compte.''
Depuis 1988, des machines avaient fait leur apparition dans l'atelier. ''Avant, nous avions des fers comme des fers à galettes. Il y en avait cinq dont deux que nous avions appelés Alban et Aymar - les saints fêtés le jour de leur arrivée à l'atelier -, précise Sœur Monique. Ça n'arrêtait pas, il fallait passer d'un fer à l'autre.''

Les voix des paroisses
Pour Sœur Marie-Bernard aussi, c'est une page qui se tourne. Sœur Marie-Bernard, c'est l'économe. C'est elle qui se charge des factures, de l'expédition mais qui a souvent pris note des commandes. ''Je ne connaissais pas le visage mais bien la voix de ces prêtres, de ces sacristines qui nous contactaient. J'aimais ce travail des factures que je faisais en silence. Cela me permettait de penser aux paroisses.''
A l'étage du carmel, les dernières plaques de pâte ont été découpées selon le format désiré. Avec un seul mot d’ordre: ne pas gaspiller. Durant de longues années, les déchets liés à la découpe ont servi de nourriture pour les animaux. Pas les dernières plaques: découpées, elles sont soigneusement conservées. Elles seront les témoins d'une production de près d'un siècle, d'une histoire. Les dernières commandes sont honorées avec le stock entreposé dans des grandes boîtes de plastique. Un stock qui fond comme neige au soleil beaucoup de paroisses ont profité de leur dernière commande pour faire des réserves. Les hosties se conservent.
C.B.
Info : Dans le diocèse, les Bénédictines d’Hurtebise fabriquent et vendent également les pains d’autel.

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