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27/6/2017
L'abbé Litambala a invité Yannick Dupagne à enseigner en RDC
Yannick Dupagne connaît bien l'Afrique où il a longtemps vécu. Au printemps dernier, il a séjourné à Bumba, un lieu, pour reprendre ses termes, ''perdu quasi au milieu de nulle part''. Avant de prendre sa retraite, il a été conseiller pédagogique principal du diocèse de Namur. Il a passé plusieurs semaines dans cette région du Congo où il a repris sa casquette d'enseignant pour former des étudiants mais aussi des professeurs en mathématique et en informatique. Le tout avec des moyens dérisoires. Yannick Dupagne est toujours aussi ému en évoquant son séjour, ému encore par la soif d'apprendre de toutes les personnes rencontrées. L'année prochaine, il y retourne.
Yannick Dupagne a su se laisser convaincre par l'abbé Edouard Litambala! Prêtre dans le diocèse de Namur durant plusieurs années, l'abbé Litambala officiait dans la paroisse Saint-Paul à Salzinnes (Balances). C'est là qu'il a rencontré Yannick Dupagne. Une réelle amitié née voici plusieurs années et qui lie l'abbé Litambala à Yannick et à sa famille. Lorsque ce dernier a terminé ses études, il a souhaité retourner dans son pays pour ainsi faire bénéficier les Congolais de ses connaissances. A chaque retour en Belgique, l'abbé Edouard et Yannick se rencontrent. Des discussions à n'en plus finir où l'Afrique et la localité de Bumba occupent une grande place. L'abbé Litambala y est devenu inspecteur pédagogique. Il parle de son travail, de ''ses'' étudiants soucieux d'apprendre. ''Tu n'as rien à faire, tu aimes enseigner, tu aimes l'Afrique...'' Il n'en fallait pas plus pour que le prof de math qui sommeille en Yannick Dupagne se réveille.... Très vite, il a voulu aider ces jeunes mais aussi leurs professeurs curieux de découvrir ''ses'' méthodes d'enseignement. Durant deux mois, en modules, ils ont eu des cours intensifs de math et d'informatique!
Et c'est avec dans ses valises des cours préparés de mathématique mais aussi d'informatique et cinq ordinateurs portables que Yannick Dupagne s'est envolé pour la RDC. Le début de l'aventure. Lorsque l'avion se pose à Kinshasa, Yannick est convaincu que son voyage touche à sa fin: reste à prendre un vol intérieur qui le mènera à Bumba. Sauf que l'avion a été annulé... Finalement, à force de négociations, il va réussir à prendre un vol pour Lisala à 150 km de sa destination finale. Là, il enfourche une moto - le seul véhicule à pouvoir circuler sur des routes devenues pistes - et enchaîne les kilomètres. Les valises sont, elles, fixées sur une autre moto. Il lui faudra une journée complète pour arriver à Bumba, une ville de 500.000 habitants qui fait partie de la région Equateur de cette République démocratique du Congo! Dans de telles conditions, on comprend mieux pourquoi les habitants de Bumba ne quittent quasi jamais leur ville! Et quand néanmoins, ils doivent s'en aller, ils embarquent sur un bateau et cela prend... 15 jours.
Les habitants vivent en quasi autarcie. Impossible d'envoyer en dehors de la ville les productions. Voilà ce qui est sans doute à l'origine de la fermeture de l'huilerie de palme ou encore de l'exploitation forestière. Yannick Dupagne: ''Cette région est abandonnée. Elle a souffert deux fois. C'était une région gagnée à Mobutou alors il a investi ailleurs. Aujourd'hui, on reproche toujours aux habitants une proximité avec Mobutou et donc on n'investit pas chez eux. Je trouve la population très sage, elle ne se plaint jamais!'' Et d'ajouter: ''Lorsque je suis arrivé la saison des pluies avait un mois de retard cela a représenté un mois de souffrance. Il y avait 40° à l'ombre! Quand la pluie est tombée, c'était bien plus agréable mais les habitants avaient eux froid!'' Des conditions de vie que Yannick Dupagne qui a pourtant longtemps séjourné au Congo n'imaginait pas.

Vous faites un camembert
Yannick Dupagne est allé à l'Institut Supérieur Pédagogique dirigé par l'abbé Litambala (la photo) qui forme des enseignants pour le secondaire. ''Je me suis retrouvé devant des auditoires de plus de 130 personnes. Ma voix ne portait pas assez. Le lendemain, ils sont arrivés avec un micro relié à une batterie. La batterie a lâché avant la fin de la journée. Le surlendemain, elle était reliée à des panneaux voltaïques. Ils en veulent, c'est pas croyable.''
Un des professeurs est venu le remercier: grâce à sa pédagogie, il avait compris une matière qui, jusque-là, il ne maîtrisait pas du tout. ''Et pourtant, j'ai eu mon diplôme'' lui avait-il dit sans fausse honte. Des étudiants et des enseignants surpris de découvrir que la théorie pouvait découler de notions découvertes dans de la pratique, à travers des exemples. ''Je n'enseignerai plus de la même manière'' commentera un autre.
Mais parfois la pratique à la sauce européenne a ses limites en Afrique... Pour un cours de statistiques, Yannick Dupagne a voulu aider ses étudiants en leur proposant de dessiner un camembert. Un long silence a suivi et dans les regards, il a lu... l'incompréhension. Notre Namurois avait oublié que le camembert n'est pas le fromage le plus consommé en RDC! Même incompréhension quand il leur a parlé, évoquant l'indice des prix, du panier de la ménagère. ''Ils ne pouvaient pas me comprendre. Chez eux, le petit déjeuner se résume à une tasse de thé.'' Avant d'ajouter: ''L'Afrique, c'est chaque fois l'occasion de voir la vie en face.''
La venue de ce professeur blanc a été annoncée à la radio tout comme le fait qu'il amenait, avec lui, cinq ordinateurs. Un véritable événement. Dans un de ses cours, Yannick Dupagne a donné une formation de base en informatique même s'il sait que l'utilisation sera difficile voire impossible. Comment pourrait-il en être autrement dans une région où Internet est quasi inexistant et où le téléphone peut être coupé plusieurs jours de suite.
Une population qui ne rencontre que très rarement des blancs. Pour eux, un blanc est un chinois. ''Ils m'appelaient ''oncle'' avant de me sauter au cou.'' Les étudiants ont encore organisé une excursion pour ce professeur venu de si loin. Il a eu droit à l'accueil officiel par un ancien, un sage. Il a bu le verre de bière non sans en avoir versé, une partie, en terre, un signe de partage avec les ancêtres. Il a reçu des arachides encore avant de répondre à la question ''Frère Yannick qu'es-tu venu faire ici?''

Bouleversé
Yannick Dupagne est rentré bouleversé de son voyage avec une envie chevillée au corps: en faire plus encore pour la population. Et plus spécialement pour les enfants. ''Dès le matin, les enfants sont dans les rues. Ils portent leur uniforme scolaire. Comme les parents n'ont pas toujours les moyens de payer les cours, ils ont été renvoyés. Ils gardent leur cartable sur le dos, ils ont tellement envie d'aller à l'école.''
Yannick Dupagne prépare déjà son prochain séjour à Bumba qui devrait durer, cette fois, entre deux et trois mois. Il donnera d'autres cours comme un cours de programmation tout en se promettant de faire preuve d'autant d'imagination que de créativité pour faire comprendre la matière. La trousse de l'étudiant comprend un bic bleu, parfois un rouge et un lacet pour tracer un cercle. Il enseignera aussi à l'université de Lisala où enseigne encore l'abbé Litambala. Et il fait l'admiration de son ami qui a pu vivre son investissement de chaque instant: ''Il donne cours aussi au séminaire. Il s'occupe d'une ONG sans oublier la pastorale. C'est vraiment quelqu'un qui s'implique beaucoup.''
Sur place, avec la femme de ménage, Yannick a appris les rudiments du lingala et a ainsi pu entrer en contact avec la population. Depuis qu'il est de retour à Salzinnes, il se perfectionne dans cette langue. Lorsqu'il repartira vers la RDC, il s'est encore promis d'emporter, dans ses bagages, des photos. ''Je veux leur montrer des photos de mendicité, de personnes en grandes difficultés. Il faut casser le mythe selon lequel, ici en Belgique ou en Europe, tout le monde a du travail et porte le costume, la chemise et la cravate.''
Christine Bolinne
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