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8/1/2019
Un saint Hubert du 21e siècle fera - bientôt - son entrée dans la basilique de Saint-Hubert
Le colosse n'a pas résisté à une tempête plus violente que les autres. Déraciné, le chêne est resté de longues années en forêt avant d'arriver dans l'atelier d'un artiste, Leandro Centore. Une étape avant de rejoindre Saint-Hubert et sa basilique. A grands coups de tronçonneuse d'abord, à coups minutieux de gouge ensuite, le sculpteur donne vie, à partir du tronc de ce chêne, à une statue de saint Hubert aux allures contemporaines.
Comme toutes les belles histoires, celle-ci pourrait aussi débuter par ''Il était une fois.'' Il était une fois, à Saint-Hubert, des passionnés, les Hubertins, une association dont les membres ne ménagent pas leurs efforts pour amener du monde au cœur de l'Ardenne. Chaque année, ils sont des milliers à visiter la basilique, à y prier, à s'y recueillir.
Plusieurs statues de saint Hubert se trouvent bien sûr dans la basilique, autant de jalons de siècles passés. Petit à petit, une idée a germé chez les Hubertins: installer, dans la basilique une statue du célèbre saint et du fidèle cerf qui serait née des mains d'un artiste d'aujourd'hui. Une statue qui sortirait encore, en procession, lors du chapitre annuel de la Confrérie Saint-Hubert des Bouchers.
C'est Leandro Centore qui a été retenu à l'issue de l'appel d'offres. ''Quand j'ai reçu l'appel à projet d'une statue à Saint-Hubert, je revenais d'un séjour en Ardenne où j'avais travaillé avec un paysan-artisan autour de l'arbre et des formes naturelles. J'ai eu l'impression que cet appel avait été lancé par le massif ardennais lui-même, par le rocher, les arbres, les animaux, les légendes ancestrales. Je me suis senti touché, concerné et prêt à y répondre.''
Entre le sculpteur et les Hubertins, c'était le début de longues discussions, de rencontres, de visites... Leandro Centore a été conquis par l'édifice: ''La basilique est super belle, c'est un lieu que je qualifierais de magique. Je suis heureux de participer à cet ouvrage.'' Avant de faire vrombir sa tronçonneuse, Leandro Centore, 30 ans, originaire du sud de l'Italie a pris le crayon. Il a proposé plusieurs ébauches (photo). Il y a eu des corrections, des adaptations. La statue a été ensuite réalisée en argile: elle entrait ainsi dans la 3eme dimension. A Saint-Hubert, c'est André Luzot qui a suivi avec une attention particulière ces évolutions.
Une légende très ancienne que celle de saint Hubert qui a ému le jeune sculpteur. Leandro Centore y voit encore la fraternité, l'amour de la nature. ''J'interprète le mythe de la conversion de Hubert comme le récit d'un changement, d'une évolution. De l'homme chasseur, absorbé dans sa quête à l'homme évêque, tourné vers les autres. De la culture première dite païenne, nomade ou villageoise, à la culture chrétienne, citoyenne.'' Lui qui a étudié l'art en Italie puis en Belgique a été séduit ''par cette image liée au sacré.'' Ce projet a été, comme ajoute Leandro Centore ''très inspirant.''

Un colosse couché sur le sol
Il s'agissait aussi de rechercher le bois dans lequel saint Hubert allait prendre vie. L'arbre, un chêne, se trouvait dans une forêt d'Aywaille. C'est un ami agriculteur qui lui a parlé de cet arbre déraciné et qui depuis bien des années attendait que l'on s'occupe de lui. Le tronc, long d'une dizaine de mètres, n'était pas en contact avec le sol, une aubaine. Le chêne a ainsi séché naturellement, n'a pas été envahi par les champignons et autres bestioles. La phase dite de dégrossissage est terminée, c'est à la tronçonneuse que Leandro a attaqué le chêne.
Une nouvelle étape dans la vie de ce jeune artiste qui, dans un premier temps avait pensé se lancer dans le design pour se rendre très vite compte que ce n'était pas sa voie, que le milieu ne lui correspondait pas. ''Avant, j'ai cherché fortune dans une ville du nord de l'Italie mais la compétition et le déracinement m'ont englouti.'' Leandro s'est tourné, comme il dit ''vers les origines, avec l'artisanat du bois.'' Une sculpture qui est une première et qui est aussi le résultat d'une belle rencontre: ''J'ai rencontré un artisan à la foi profonde et aux connaissances ancestrales m'a reconnu et transmis une partie de son savoir.'' Luc, cet artisan, était à ses côtés au démarrage de la sculpture. Depuis, il s'agit, pour Leandro d'affiner la sculpture, de lui donner vie avec les mains, le visage, les plis du vêtement... Ce sont des gouges toujours plus fines, plus petites qui lui permettent d'entrer dans les détails. Leandro Centore est passionné quand il parle de son travail mais aussi de la matière. ''Le bois aime mieux être taillé que poncé. Le ponçage ne respecte pas sa nature. Avec l'industrialisation, on est habitué au bois lisse mais nous devons évoluer, apprécier le bois brut.''

Complicité
Un virage professionnel qui se reflète encore dans la vie personnelle de Leandro. ''Depuis, je parcours l'artisanat d'art comme un chemin de communion. Je travaille pour relier les mains à la tête, la culture et la nature, le passé au présent. Pour une nouvelle société où la coopération prend le pas sur la compétition.''
A Saint-Hubert, on est impatient de découvrir ce saint Hubert du 21eme siècle. Alors, quand la statue sera-t-elle terminée? ''Je ne veux pas me mettre la pression. Cette statue est prévue pour résister une centaine d'années alors ce n'est pas un mois de plus ou un mois de moins dans sa réalisation qui vont changer les choses.'' Leandro Centore travaille à 100% sur cette réalisation. Indispensable pour ne pas perdre ''le fil'' de sa création. ''Je ne compte pas mes heures. Chaque étape reste créative.''
Ce qui devrait marquer ceux qui auront la joie de découvrir cette réalisation, c'est la complicité qui unit l'homme au cerf. Leandro Centore devrait confier la fabrication de la croix qui prendra place entre les bois du cerf, à un artiste spécialisé dans le travail du métal.
D'ici quelques mois, cette sculpture quittera l'atelier de Bruxelles pour prendre la direction de Saint-Hubert. Leandro Centore est convaincu qu'il vivra ce moment sans -trop- d'émotion. ''Je serai content. Cette sculpture laissera sa trace dans l'atelier mais je dois m'en libérer pour passer à autre chose.''

Christine Bolinne
Une statue qui ne peut être financée que par des dons qui peuvent être déposés, à la basilique, dans un tronc prévu à cet effet. Dons qui peuvent encore être versés par virement: Les Hubertins 6870 Saint-Hubert BE09 0017 5300 9157 avec la mention ''statue''.
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